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jaipur

Le royaume des Indes. Six fois la superficie de la France! Les voyageurs que j'ai rencontre sont unanimes: l'Inde est un pays a part. Les routards viennent y passer 4 mois, 5 mois sans parvenir a bien la connaitre. Je prevois d'en explorer une petite partie pendant 2 mois. On paye ici en Roupies: 1 Euro = 65 Rps.

Jaipur, 10-13 Avril

J'atteri a Jaipur dans le Rajasthan. Le depaysement commence aussitot sorti de l'aeroport. La foule est la, et le bruit bien sur, ce bruit qui me quittera rarement pendant mon sejour. Le bruit de millions de personnes et d'animaux vivant les uns sur les autres, presque sans intimite. Depuis l'autoricksaw qui m'emmene vers le centre ville - ce tricycle motorise jaune et noir qui peuple les rues du pays - les premieres images s'impriment dans ma memoire: les couleurs vives des saris, les gens endormis par terre au milieu de l'agitation generale, les vaches qui se promenent librement en pleine agglomeration, les vendeurs en tout genre qui bordent les rues... Ici nous doublons un elephant et son mahout (conducteur), la une armee de ricksaw - a pedales ceux-la - attend patiemment le client. Parfois un chameau passe en trainant sa cariole, son regard fier semble defier les petits humains qui l'entourent.

amber fort

J'ai la chance de rencontrer des le premier soir un couple de francais errant sur le continent indien depuis 4 mois. Le sejour de Mathieu et Aurelie touche a sa fin, ils paraissent fatigues - on pourrait dire qu'ils ont besoin de vacances! - mais leurs conseils vont m'etre precieux: j'apprends le prix moyen des repas (1 euro!), des boissons (25 centimes!), le systeme de reservation d'une place de train ou la procedure pour envoyer un colis.

Nissar et son autoricksaw me conduisent le lendemain jusqu'a l'Amber Fort, dix kilometres au nord de la ville. Un chateau a l'architecture feerique domine un paysage vallonne; ses gigantesques murailles courent le long des collines a perte de vue. Cette semaine a lieu un festival religieux en l'honneur de Rama: des pelerins hindous se pressent vers le temple du fort. Des hauts parleurs crachent une musique enjouee tout au long du chemin. Les indiens ont le sourire, ils portent des couronnes de fleurs accrochees a leurs habits ou dans leurs cheveux. On pourrait croire a une mise en scene tant cet endroit deborde de vie. Suis-je sur le tournage d'un film bollywoodien? Et pourtant non: l'Inde est un tableau, un tableau bien vivant. Les demons du pays sont aussi presents: la salete et surtout la pauvrete. La route du fort est bordee de mendiants en tout genre, assis toute la journee sous un soleil de plomb. Il y a des personnes avec d'horribles maladies de peau, des amputes, des femmes desesperees portant un nourisson dans leur bras, des enfants en haillons. Tous demandent de l'argent et redoublent leurs efforts a l'approche des touristes etrangers.

femmes

Je passe quelques jours d'acclimatation a Jaipur. C'est le debut de l'ete indien (Avril - Mai); le thermometre affiche 40 degres dans l'apres-midi et on m'avertit que ce sera pire dans les semaines a venir. J'adapte donc mon rythme de vie: sorties matin et soir, apres-midi entre quatres murs de preference sous un ventilateur.

Le Chit Chat Restaurant m'initie jour apres jour a la cuisine locale. Je deguste mes lassis (boisson au yaourt) dans un gros fauteuil en osier, l'atmosphere sombre et fraiche me faisant oublier la fournaise exterieure. J'y rencontre Viki et son cousin, deux jeunes ayant grandi dans la rue comme tant d'autres depuis leur sortie d'ecole a douze ans. Ils ont appris quelques mots d'anglais aupres des touristes et gagnent leur vie en conduisant a deux leur tuc-tuc (auto-ricksaw). Leur vaste maison est pleine de gens plus ou moins connectes a la famille. Certains vivent eu Europe mais sont rentres a Jaipur pour les vacances. Alil, lui, dirige un commerce de bijoux florissant. Le Rajasthan exporte en effet des babioles issues de l'artisannat local dans les magasins 'indiens' du monde entier. Il sort ce soir en discotheque avec ses employes et grace a ses contacts - Alil semble connaitre tout le monde - je rentre et bois gratuitement. Nous sommes dans le sous-sol d'un hotel quatre etoiles alors qu'a quelques pas de la, au dessus de nos tetes, des gens dorment sur le pave. Cette soiree me permet cependant de confirmer que les indiens (et les indiennes surtout!) sont les danceurs les plus gracieux qui soient.

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Pushkar, 14-15 Avril

Tour d'horizon du vieux bus qui m'emporte vers Pushkar: un couple de tcheque, trois etudiants hollandais, un japonais et des indiens. Des demarcheurs prennent d'assault le vehicule des notre arrivee et essaient d'appater les touristes. J'en accompagne un qui m'a l'air moins menteur que les autres jusqu'a la Pruffar Guest House en bordure du village.

chien

Pushkar, haut lieu de pelerinage hindou, est egalement devenu une destination touristique prisee ou des adolescents occidentaux deguises en hippies sejournent a plus ou moins long terme. Des dizaines de temples entourent un petit lac dont on dit qu'il fut cree par une larme de Brahma. Les ruelles sont tres vivantes et colorees, mais la salete n'a pas disparue pour autant. Les habitants abandonnent leurs detritus sur la chaussee au plus grand plaisir des vaches, des chiens et des mouches qui ne sont jamais loin des passants. Pourquoi collecteraient-ils les ordures? Les indiens n'utilisaient il y a quelques annees que des materiaux parfaitement naturels et inoffensifs. Leurs coupelles etaient faites de feuilles de bananier, leurs tasses a the de terre cuite. Ils n'avaient qu'a faire un grand feu de temps en temps, voila tout. Mais maintenant que nos entreprises leurs ont mis du plastique dans les mains sans demander a changer leurs habitudes, cela devient problematique voir meme tres inquietant lorsqu'on imagine plus d'un milliard de consommateurs.

Je suis assis au bord du lac tot le lendemain matin, observant les pelerins faire leurs ablutions. Certes l'ambiance est charmante, cependant n'etant ni un fervent hindou ni un ado rebelle amateur de Marijeanne, je ne me sens pas a ma place dans ce village. J'embarque dans le premier bus a destination de Bundi, 150km plus au sud.

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Bundi, 15-16 Avril

bundi

L'Inde couvre un immense territoire mais sa vigoureuse population le remplit bien. Il est pratiquement impossible de photographier un paysage sans avoir un etre humain dans son champ. Ici des femmes accroupies travaillent dans un champ, la un homme conduit ses buffles. Certains dorment sous un arbre, d'autres marchent au bord de la route. La moisson a commence, nous croisons des camions savamment decores dont le chargement depasse dangereusement de tous les cotes.

Un tuc-tuc me conduit a la Shivam Guest House qui m'a ete recommandee. Une sympathique famille a l'anglais irreprochable m'attribue une chambre pour 150 Rps. Bundi me charme immediatement. Une ambiance rurale et calme enveloppe la ville; il n'y a apres tout que quelques dizaines de milliers d'habitants, c'est bien peu pour une agglomeration indienne.

Le palais du Maharadja construit a flanc de colline s'eleve au dessus d'une foret de toits bleutes. Je franchis son imposante porte en fin de matinee dans un silence absolu. Je suis le seul visiteur a deambuler dans ses salles au passe glorieux, cela me donne l'impression de decouvrir une cite secrete oubliee des hommes. Quel endroit magique! Des elephants et des paons sculptes dans la pierre gardent chaque entree. Une volee de chauffe-souris me fait sursauter alors que je m'aventure dans un escalier sombre. En redescendant vers la ville je peux voir sur ma droite l'ancienne etable a elephants, aujourd'hui convertie en Guest House. Rudyard Kipling, l'auteur du livre de la jungle, vecut un certain temps a l'ombre de ce chateau.

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man at work

Agra, 17-19 Avril

J'effectue mon premier trajet en train aujourd'hui. Ce mode de transport est ideal pour decouvrir les paysages pittoresques defilant tranquillement au dehors. A l'interieur par contre, le wagon deborde d'animation. Les familles serrees les unes contre les autres discutent, mangent et dorment comme si elles etaient a la maison. J'apprends que les Chemins de Fer indiens constituent le second employeur mondial avec plus de 1.6 millions de salaries. Le reseau n'a pas change depuis sa construction par les brittaniques mais il permet de se rendre a peu pres partout.

Le soir venu, je me heurte a la legendaire nonchalance des fonctionnaires indiens en cherchant a reserver un 'sleeper' pour me rendre a Agra. Un homme en uniforme me repond que oui je peux m'installer dans ce compartiment mais il me faudra payer un supplement. Une heure plus tard mon wagon s'est totalement rempli, toutes les places etaient reservees. En classe populaire c'est encore pire: le wagon est archi-plein et les passagers debordent litteralement des portes. Au guichet "current reservation", on me conseille d'aller a la "ticket office"; de la on m'oriente vers "l'inquiry desk" qui a son tour me renvoie vers la "current reservation". Ok restons zen. Je tombe finalement sur un sympathique employe qui, apres avoir consulte ses longues listes de papier, m'annonce que tous les trains sont pleins. Je change donc de strategie et gagne la gare routiere. J'y achete la derniere place disponible dans le bus de nuit pour Agra. Ouf!

taj

Je constate que cette destination touristique majeure est demeuree aussi chaotique que le reste du pays. On y trouve les memes concerts de klaxons, les memes batailles de ricksaws. Les guest houses aux alentours du Taj Mahal sont innombrables; la mienne possede un toit terrasse depuis lequel on apercoit le fameux monument. Le prix d'entree varie selon que l'on soit indien ou touriste etranger - c'est le cas pour la plupart des visites en Inde - respectivement 20 Roupies ou 750 Roupies. Environ 12 Euros, cela represente une somme bien rondelette dans ce pays ou la plupart des habitants ne gagne pas autant en deux semaines de travail!

Impossible d'etre seul au Taj comme je l'etais a Bundi, mais en y allant en fin d'apres-midi peu avant le coucher du soleil, le flux de visiteurs est raisonnable. Voici donc l'endroit ou repose l'empereur Shah Jahan et sa favorite choisie parmi la centaine de femmes de son harem. Certains intellectuels se demande a juste titre comment un tombeau musulman a pu devenir le symbole de leur pays originellement hindou. Cela semble injuste, mais le fait est que la conquete musulmane a laissee ici comme ailleurs de splendides monuments que tout le monde admire aujourd'hui. Ses formes et motifs me rappellent les mosquees d'Iran bien entendu, mais la simplicite de ce marbre blanc le rend encore plus majestueux. Je prends une serie de photos puis regarde le soleil se coucher derriere le Taj Mahal, au dela de la riviere Yamuna.

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Delhi, quartier de Majnu-ka-tilla, 20-26 Avril

majnu-tilla

Un bus me depose au centre de la capitale indienne. Mon choix de residence se porte sur le quartier des refugies tibetains, Majnu-ka-tilla. Apres l'invasion chinoise du Tibet, certains habitants se sont exiles a Dharamsala dans le nord de l'Inde avec leur Dalai Lama. D'autres sont venus ici, au bord de la riviere Yamuna. Il s'agit d'une vingtaine de blocs d'immeubles a trois ou quatre etages separes par d'etroites ruelles sombres. L'ambiance y est extremement calme compare au reste de Delhi. Un certain nombre de guest house et d'internet cafes se sont crees pour assurer les liens entre les differentes communautes d'exiles. Cela a plu aux touristes etrangers qui viennent ici en grand nombre. Des tracts pronant l'independence du tibet ou critiquant les futurs JO de Pekin recouvrent tous les murs du quartier. Femmes, hommes et moines tibetains discutent tranquillement sur le pas des portes jusqu'a la tombee du jour. Souriants et blagueurs, ils donnent l'impression de ne rien avoir a faire en particulier, ils attendent simplement que le temps passe, peut-etre avec l'espoir d'un futur retour au pays.

J'occupe une chambre au troisieme etage de la 'Peace House'. Je tue chaque soir une dizaine de cafards ayant reussi a s'introduire pendant la journee dans ma salle de bain. Il fait 44 degres dehors dans la journee, 32 degres le soir dans ma chambre: pas facile de s'endormir dans ces conditions. Le matin je commande invariablement mon pancake a la confiture, mes oeufs brouilles et ma tasse de the, mais les dejeuners et diners permettent de m'initier a la cuisine tibetaine, et surtout de manger un peu de viande ce qui est extremement rare ailleurs en Inde. Les 'momos' sont tres populaires; il s'agit de gros raviolis chinois remplis de chou et de viande haches.

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